Ils s’y sont tous mis – télé,
opéra de paris, chef d’orchestre, metteur en scène – pour dénaturer ce chef
d’œuvre de Verdi et obliger le public à retourner aux versions troquées et
médiocres en langue italienne. D’abord et en tout premier, l’incompétence
criante d’un chef complètement paumé, hors du coup, étranger au compositeur et
incapable de coordonner le plateau et la fosse. L’orchestre couinait comme les
pitoyables fanfares des villages les plus reculés et on ne peut pas dire que la
subtilité, le phrasé, la respiration et les mouvements saccadés avaient un
rapport avec la partition. Ensuite et pratiquement à égalité, le metteur en
scène qui a pondu une suite de laideurs que jamais je n’aurais pu imaginer, des
couleurs repoussantes, des décors de bric et de broc, des chanteurs-acteurs –
acteurs est très abusif – livrés à eux même ne sachant que faire, les bras
ballants et le regard hagard, ayant adopté – faute de chef d’orchestre et de
directeur de la scène – le chacun pour soi. Et enfin la télé – Arte- dont la
réalisation a été une des plus mauvaises, du jamais vu dans la retransmission
de l’opéra, avec des plans hors-sujet, des superpositions de laideurs d’image
qui ont dû faire fuir plus d’un téléspectateur. Je suis parti au début du 2e
acte, le premier ayant failli me porter à la crise cardiaque tellement ma
fureur était grande. En fait je n’ai pas reconnu mon opéra préféré, alors que
je l’ai en mémoire depuis l’âge de 16 ans et que j’en possède de multiples
versions d’une toute autre qualité. Dans la soirée je suis repassé deux ou
trois fois et ma conviction n’a pas changée. Les seuls moments d’émotion, je
les dois au génie de Verdi et peut-être à mon cerveau qui transposait la
bouillie parisienne en extraits de mes différents enregistrements. Dans ce
chaos mémorable, il m’a semblé que les deux dames auraient pu être sublimes si…
Du côté des messieurs je n’ai rien remarqué… il y a tellement mieux. Et puis, il faut bien le dire, Kaufmann
n’avait rien à faire ici. Il n’a plus la voix. Il n’est pas le personnage. Je ne peux croire ce que j'ai vu et entendu...
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