Depuis que j’ai écrit, ici, mes impressions,
Tcherniakov me titille en permanence. Oui, je me suis ennuyé et ce comportement
juvénile a occulté ma pensée et mon sens critique. Je me suis laissé prendre au
jeu de la télé où l’on regarde sans voir la moindre image, où l’on se prélasse
dans un canapé pour un pré-sommeil avant la chambre à coucher. Si j’avais été
dans la salle, j’aurais probablement vu autre chose que les cadrages qui m’ont
été imposés.
Tcherniakov a déroulé un immense miroir
où les comédiens jouaient une comédie dramatique, drolatique et absurde, à la façon d’un jeu de rôle psychanalytique.
Un dépressif pessimiste, flanqué d’une épouse – Kim Novak et son chignon dans
Vertigo (Sueurs froides) d’Alfred Hitchcock - entre à l’hôpital pour y entreprendre une
analyse qui consiste à dérouler le fil de sa vie en incarnant un personnage de
fiction. Le psy décide qu’il sera José, le héros de « Carmen » de
Mérimée. Madame décide qu’elle sera Micaela. Et c’est ainsi que le retour dans
le passé commence avec les constantes résistances que connaissent tous ceux qui
ont fait une analyse. Tcherniakov, qui n’a jamais aimé l’opéra de Bizet, nous
dit simplement que Carmen et toute sa bande n’existe pas et que seule notre
imagination transgénérationnelle réussi à faire vivre cette illusion. Et la
musique n’est plus qu’une bande son.
Tcherniakov nous a proposé un vertige
en exposant un mythe rabâché et trop souvent bâclé, sans arrière-pensée et sans
caresser le spectateur. Et c’est bien en face de cette réalité de l’illusion
que nous nous sommes trouvés. Et c’est peut-être bien cela que l’on appelle un
coup de maître… un coup de théâtre !
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