Vous êtes offusquée
Madame, vous êtes atterrée, vous êtes
révoltée. Votre fille -16 ans – a « obéi aveuglément » aux désirs
d’un jeune homme de 20 ans. Elle a prêté allégeance à l’Etat islamique, elle a
exprimé la volonté de partir en zone syro-irakienne ou sinon la volonté de
frapper la France, elle a projeté de se marier avec le terroriste de quatre ans
son aîné avant qu’il ne se fasse sauter avant qu’elle ne gagne la Syrie avec le
statut de veuve. Vous dites n’avoir jamais pu imaginer ce genre de chose :
un jeune homme qui puisse entraîner votre fille et la manipuler. Vous ne saviez
donc pas, Madame, que tout être vivant est manipulable ? Vous ne saviez
donc pas, Madame, que concevoir un enfant est une lourde responsabilité à
laquelle rares sont ceux qui y font face ? Vous ne saviez donc pas,
Madame, qu’être parents – maman dans votre cas – est un métier et qu’un métier
ça s’apprend ? Vous ne saviez donc pas, Madame, ce qu’est la
naïveté ? Maintenant vous savez et c’est trop tard. Si ça peut vous
consoler, sachez que vous n’êtes pas la seule à tomber de haut et que vous
serez de plus en plus nombreuses et sachez que si le jeune homme que vous incriminez
est coupable, votre fille ne l’est pas moins et vous, vous l’êtes encore plus
parce que vous avez failli à votre tâche. Cependant, j’y mets un grand
bémol : vous ne pouvez être coupable de ce que vous ne savez pas, de ce
qu’on ne vous a pas appris et de ce qu’enseigne la société qui perdure et qui
triomphe dans le déni, grâce au bulletin
de vote !
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